Traumatologie : fracture, entorse, luxation...
Les fractures de la jambe représentent un quart de toutes les fractures rencontrées. C’est la fracture la plus fréquente du membre inférieur. La proximité du tibia avec la peau fait que la moitié de ces fractures est ouverte avec un risque de sepsis très important, entraînant des conséquences fonctionnelles graves. Le traitement est chirurgical et kiné.
Le tibia est un os long, très massif, surtout en haut à son extrémité supérieure. Il est articulé en haut avec les condyles fémoraux formant l’articulation du genou, et en bas avec la fibula et le talus, formant l’articulation de la cheville (l’articulation talo-crurale).
Le mot tibia signifie “flûte” car c’est dans cet os que les anciennes sociétés sculptaient cet instrument de musique.
Le tibia est à fleur de peau sur la crête tibiale et sa face médiale. Ce fait entraîne des fractures qui transpercent la peau et expose au risque gravissime de sepsis (infection).
Le tibia reçoit les insertions de nombreux muscles du genou (ischios-jambiers, quadriceps, adducteurs, muscles de la patte d’oie, poplité), et de nombreux muscles de la chevilles et des orteils (tibial antérieur, tibial postérieur, long fléchisseur des orteils, long fléchisseur de l’hallux, triceps sural, long extenseur des orteils, long extenseur de l’hallux).
La fibula est l’os le plus grêle du membre inférieur. Elle est articulée en haut avec le tibia et en bas avec le tibia et le talus pour former la pince tibio-fibulaire et la cheville.
La fracture de la jambe ou la fracture tibia-péronée représente le quart des fractures de l’appareil locomoteur. C’est la fracture la plus fréquente du membre inférieur. C’est une fracture strictement extra articulaire. C’est la fracture du tibia qui concentre toute l’attention.
On la rencontre le plus souvent chez un adulte jeune (prédominance masculine) dans un contexte traumatique. C’est la fracture fréquente des accidents de la voie publique et des chutes en hauteur (défenestration).
Le mécanisme de la fracture est un choc direct dans un accident de sport, un accident de la route, avec un mouvement de torsion. On retrouve des fractures à distance du point d’impact.
Le tibia est également le lieu de prédilection pour des fractures de fatigue suite à des micro traumatismes répétés (course à pied, marathon, trek, danseuse).
Le patient est en général un adulte jeune entre 20 et 30 ans. Les fractures isolées du tibia sont rares et on doit toujours vérifier l’intégrité des os de voisinage (fibulae, cheville et genou).
La peau recouvre le tibia sur la crête tibiale et sur la face antérieure et médiale. Cette proximité fait que de nombreuses fractures ouvrent la peau exposant alors au risque d’infection, ce qui est l’une des complications immédiates graves. Il faut garder en tête que la moitié des fractures de la jambe sont des fractures ouvertes.
On classe le trait de fracture en fonction :
L’examen clinique du malade consiste à faire préciser les circonstances de l’accident et à faire préciser la perception de bruit de craquement.
L’examen clinique doit permettre de voir immédiatement s’il s’agit d’une fracture ouverte ce qui impose alors une prise en charge en urgence pour réduire le risque d’infection (sepsis).
Le malade se présente aux urgences avec une impotence fonctionnelle totale et continue.
La palpation douce recherche les zones douloureuses et la mobilisation anormale de la jambe est retrouvée.
L’examen clinique permet de dépister les principales complications des fractures de la jambe.
Complications immédiates :
Le bilan d’imagerie consiste à réaliser un bilan radiographique de face et de profil en incluant l’articulation du genou et de la cheville.
Ces radiographies sont réalisées après la réduction du foyer de fracture si l’ouverture de la peau est probable.
Les radiographies permettent d’étudier le type de fracture, la morphologie des traits de fracture, la stabilité de la fracture et les déplacements éventuels.
La fracture d’un os isolé de la jambe est rare et il faudra toujours compléter par des radiographies des régions sus et sous jacentes et explorer en fonction du contexte traumatique rencontré.
La fracture isolée du tibia est rare. Ce sont la plupart du temps des fractures de la diaphyse simples qui répondent bien à un traitement chirurgical par un enclouage centro-médullaire et kinésithérapie pendant 3 mois. Les retards de consolidations et la pseudarthrose est fréquente.
La fracture isolée de la fibula est rare et doit toujours faire rechercher des lésions associées comme la fracture bimalléolaire, des lésions ligamentaires de la cheville. Le traitement est kinésithérapique.
La prise en charge des fractures de la jambe et du tibia nécessitent une réduction parfaite du trait de fracture car les angulations résiduelles exposent à des complications orthopédiques et le pronostic fonctionnel sera moins bon.
Les fractures de la jambe consolident entre 3 et 6 mois en fonction de la survenue de complications. La rééducation après fracture du tibia d’étale de 3 à 6 mois.
Les fractures de la jambe reçoivent 2 types de traitement: orthopédique ou chirurgical.
Traitement orthopédique: il est réservé aux fractures non déplacées et stables.
Traitement chirurgical : il concerne les fractures ouvertes, instables et déplacées.
La rééducation des fractures de la jambe et de la fracture du tibia s’étale de 3 à 6 mois en fonction de la survenue de complications que nous détaillerons plus loin. La rééducation de la “jambe cassée” est longue et doit être menée par un kinésithérapeute du sport spécialiste de traumatologie. Il faut toujours garder en tête les tableaux cliniques suivants :
Phase non consolidée : jusqu’à 75 jours
Objectifs thérapeutiques :
Techniques utilisées :
Phase consolidée : après 3 mois
Objectifs thérapeutiques :
Techniques utilisées :
Au cours de la rééducation de la fracture du tibia il faudra avoir en tête les principales complications:
Les complications immédiates :
Les complications cutanées: entre 25 et 50% des fractures de la jambe sont des fractures ouvertes avec un risque d’infection gravissime. On distingue les fractures ouvertes de dehors en dedans comme c’est le cas lors d’un choc direct reçu, et les fractures ouvertes de dedans en dehors quand la peau est déchirée par les fragments osseux. Le risque infectieux est plus important lorsque la fracture est ouverte de dehors en dedans. Il existe une classification des ouvertures cutanées: la classification de Cauchoix et Duparc. C’est l’importance de l’ouverture cutanée qui est retenue comme critère de classement.
L’ouverture cutanée est un facteur de mauvais pronostic.
Le traitement des lésions cutanées a lieu aux urgences et dans le service chirurgical.
Le syndrome des loges :
Il s’agit d’une compression ischémique des loges de la jambe survenant après un traumatisme ou le traitement chirurgical. Environ 3% des fractures de jambe donnent un syndrome des loges. On retrouve fréquemment une fracture fermée avec un gonflement important de la jambe et de la cheville. C’est la loge antéro-latérale qui est la plus fréquemment touchée. le diagnostic repose sur la palpation douloureuse des muscles de la jambe et l’absence de pouls périphérique. Il s’agit d’une urgence thérapeutique et un facteur de mauvais pronostic fonctionnel. le traitement en urgence consiste à retirer le plâtre et à faire une ouverture des aponévroses.
Les complications cutanées :
On retrouve des nécroses secondaires lorsque la peau s’ouvre à distance du traumatisme. C’est une porte d’entrée à une infection secondaire. Le risque d’infection du matériel chirurgical est majeur et grave. Le diagnostic est simple avec la présence d’une forte fièvre et un écoulement purulent du foyer de fracture. Le traitement repose sur une antibiothérapie adaptée et un lavage chirurgical.
Déplacement secondaire :
Cette complication concerne les fractures traitées chirurgicalement. Ces fractures doivent être surveillées régulièrement pour dépister ces déplacements. Si c’est le cas le traitement repose sur l’ablation du plâtre et la mise en place d’une ostéosynthèse.
Pseudarthrose aseptique :
Il s’agit d’une absence de consolidation après le double du temps de consolidation communément défini. Pour la fracture du tibia, il s’agit d’absence de consolidation après 6 mois. Devant ce tableau clinique il faudra systématiquement rechercher une origine infectieuse. Le retard de consolidation est le délai de consolidation compris entre le délai physiologique et le délai de pseudarthrose. Pour la fracture de la jambe c‘est une consolidation comprise entre 3 et 6 mois. Les signes cliniques évocateurs sont des douleurs du foyer de fracture lors de la mise en charge et à la marche. On retrouve une mobilité anormale du foyer de fracture à la palpation et à la mobilisation. Les radiographies standards confirment le diagnostic. Le traitement est chirurgical. Il consiste à couper la fibrose formée sur le foyer de fracture puis à réaliser une greffe osseuse pour stimuler le processus de consolidation. On y ajoutera une ostéosynthèse.
Pseudarthrose septique :
C’est la pire des complications possibles dans les fractures de la jambe. Elle correspond à une absence de consolidation de la fracture en raison d’une infection. Le diagnostic est parfois difficile car les signes généraux sont discrets. Le traitement est chirurgical avec une antibiothérapie adaptée suivie d’une rééducation douce.
Les cals vicieux :
Le cal vicieux est la consolidation de la fracture mais avec une déviation et déformation de la jambe. Les cals vicieux sont favorisés par un défaut initial de traitement de la fracture et à des déplacements secondaires qui sont négligés. Si le cal vicieux est important cela peut devenir une catastrophe fonctionnelle avec des raccourcissement de membre inférieur, une arthrose précoce et un retentissement douloureux et fonctionnel majeur. Le traitement est une reprise chirurgicale par une ostéotomie.
Les autres complications :
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